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La censure au Liban

Le film d’animation « Persepolis » interdit au Liban

BEYROUTH (AFP) – 26/03/2008 18h08

Le film d’animation franco-iranien « Persépolis », critiqué par les autorités iraniennes pour sa peinture de la Révolution islamique, n’a pas été autorisé à sortir sur les écrans libanais, provoquant de vives critiques dans le pays.

Le directeur de la Sûreté générale, le général Wafiq Jizzini, qui a approuvé l’interdiction, a déclaré à l’AFP qu’il avait pris cette décision après que « des responsables chiites ont estimé que le film s’attaquait à l’Islam et à l’Iran ».

« Le bureau de la censure (qui relève de la Sûreté) a jugé que si le film était visionné, il allait créer des tensions avec l’Iran », a déclaré M. Jizzini.

Il a affirmé que le Hezbollah n’avait pas influencé sa décision.

Le directeur de la Sûreté générale a indiqué n’avoir pas vu le film. « Je peux revenir sur ma décision. Je respecte la liberté d’expression », a-t-il dit.

« Mais étant donné la crise politique actuelle au Liban, ce n’est pas le moment d’ajouter de l’huile sur le feu », a précisé le général.

Le Liban est en proie à une grave crise politique en raison d’un bras de fer entre la majorité antisyrienne appuyée par l’Occident et l’opposition menée par le Hezbollah et soutenue par Damas et Téhéran.

Une source gouvernementale s’exprimant sous le couvert de l’anonymat avait déclaré plus tôt à l’AFP que le film avait déplu au chef de la Sûreté, considéré comme un proche du Hezbollah.

« Il est clair que le général Jizzini est proche du Hezbollah et ne veut pas autoriser ce genre de film qui, selon lui, donne une image de l’Iran plus mauvaise que sous le Chah », a estimé cette source.

Le ministre de la Culture, Tarek Mitri, a déclaré à l’AFP qu’il a demandé au ministère de l’Intérieur de faire lever cette interdiction.

La censure au Liban, qui relève de l’autorité de la Sûreté générale, « est en principe +justifiée+ si le film incite aux dissensions confessionnelles, porte atteinte aux moeurs ou à l’autorité de l’Etat ou favorise la propagande israélienne », a souligné M. Mitri.

« Or, ces critères ne s’appliquent pas sur ce film d’animation, qui de plus ne porte atteinte ni à l’Iran ni à l’islam. Il présente juste un point de vue et ne doit pas être interdit », a insisté le ministre, qui est favorable à une abolition de la censure.

Le parti du leader druze Walid Joumblatt, l’un des ténors de la majorité antisyrienne au Liban qui accuse l’opposition menée par le Hezbollah de faire le jeu de la Syrie et de l’Iran, a dénoncé un « terrorisme intellectuel ».

« Cette décision est d’autant plus ridicule que l’on peut trouver au Liban, et notamment dans la banlieue sud (de Beyrouth, dominée par le Hezbollah chiite), des copies de ce film vendues à deux dollars! », a déclaré de son côté Bassam Eid, le directeur de la production au « Circuit Empire », la société qui devait distribuer le film.

Persépolis, prix du jury ex-aequo au Festival de Cannes 2007 et nommé aux Oscars 2008, est tiré de la bande dessinée éponyme de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi.

Le film, qu’elle a co-réalisé avec Vincent Paronnaud, montre la répression sous le régime du Chah mais aussi le musellement social, les arrestations et exécutions qui suivirent la Révolution islamique menée par l’ayatollah Khomeiny.

La nature rebelle de l’héroïne et ses ennuis avec les autorités la forcent à quitter temporairement son pays pour l’Autriche, puis à partir en France pour ne plus jamais rentrer en Iran.

Le film a été condamné par le gouvernement du président iranien Mahmoud Ahmadinejad comme « islamophobe » et « anti-iranien », dont une version censurée a pourtant été diffusée dans le pays.

Une réponse sur « Le film d’animation « Persepolis » interdit au Liban »

Ce film a finalement été autorisé… après de fortes pressions politiques de l’exterieur!

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