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Les Libanais dans le monde

par Alain Louyot
source: lexpress.fr

Aucun pays au monde ne compte, comme le Liban, plus de ressortissants hors de ses frontières qu’à l’intérieur. On estime ainsi à 12 millions de personnes la diaspora libanaise, pour une population de seulement quelque 5,5 millions d’habitants! Implantée, parfois depuis le XIXe siècle (lors de la domination ottomane à Beyrouth), sur tous les continents, celle-ci, renforcée par l’exode des quinze années de guerre (1975-1990), est particulièrement représentée au Brésil, aux Etats-Unis et au Canada, en Australie, en France, en Afrique francophone et, bien sûr, au Moyen-Orient. Pourtant, plus encore que l’ampleur de leurs flux migratoires, c’est la faculté d’adaptation des Libanais qui impressionne. Au pays du Cèdre, en effet, ce n’est pas le sous-sol qui est riche, comme dans d’autres Etats arabes, mais c’est l’élément humain.

«Lorsqu’un Libanais tombe à la mer, il en ressort avec un poisson dans la bouche», dit un proverbe. C’est vrai que le dynamisme, la débrouillardise, le génie des affaires des descendants des Phéniciens forcent l’admiration, même s’ils suscitent parfois aussi l’agacement, la jalousie.

De Bamako à Dakar, de Rio à Freetown en passant par Montréal, les envoyés spéciaux et correspondants de L’Express sont allés à leur rencontre afin de mieux connaître ces aventuriers malgré eux et de raconter leur odyssée.

Ainsi, ce mont Liban sur les pentes duquel tant d’étrangers sont venus jadis se réfugier, ces baies ensoleillées et ces élégantes corniches où d’autres venaient goûter naguère la douceur de vivre – fameuse spécialité locale – ont vu s’éloigner pour les antipodes leurs enfants les plus prometteurs. Cette fuite des cerveaux d’un pays où la matière grise constitue sans doute la première ressource est un drame à l’heure de la reconstruction. Aussi le gouvernement libanais étudie-t-il aujourd’hui des mesures pour tenter sinon d’inverser le courant de l’émigration, du moins de le freiner. L’entreprise tient de la gageure, tant l’absence persistante de paix dans la région, la crise économique et les obstacles au rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire libanais sont des incitations au départ. Et pourtant la rage de vivre de ce peuple, qui lui a si souvent permis de pallier les carences de l’Etat ou de ne pas disparaître, tandis que les puissances régionales transformaient son territoire en champ de bataille, pourrait réserver encore une fois des surprises. Qu’un jour nombre de ces banquiers prospères, chefs d’entreprise audacieux, commerçants habiles, universitaires émérites ou artistes talentueux décident de rentrer au pays, et l’on reparlera à nouveau, sans nostalgie, du miracle libanais du côté de la corniche Raouché ou de la baie de Jounieh.

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